Après avoir
fait paraître quelques romans au Fleuve Noir dans les
collections Anticipation et Angoisse au début des années
1950, on découvre une autre facette de B.R.Bruss : le traducteur.
En 1960, dans la collection Anticipation, paraît le
roman de Poul Anderson "The War of Two World" sous le titre: "La
Troisième Race" - n°150 de la collection.
En tout,
six
romans (dont un en deux volumes) du domaine
de la science-fiction seront traduits dans
cette collection, entre 1960 et 1967 par B.R. Bruss, et un septième
le sera
pour les
éditions Opta, dans la collection Galaxy-bis
(n°4/42).
Tous ces
romans sont traduit
sous le nom de B.R. Bruss et
dans chacun de ces ouvrages, il est fait mention du fait qu'il
s'agit d'une
traduction-adaptation; ce qui veut vraisemblablement dire que certains
passages ont été enlevés et/ou modifiés. Ces ouvrages ont fait l'objet
de rééditions dans les années 70/80. "La Guerre contre le Rull" à
entièrement été retraduit par Georges Gallet. "La Maison Éternelle" a
été revu et corrigé par Arlette Hamon en 1977.
En plus de
ses traductions de
genre, il réalise la traduction
d'ouvrages documentaires sous le pseudonyme de Roger Blondel. Ainsi, en
1953, l'ouvrage de Elizabeth Gray Vining, "Je l'appelais Jimmy" parait
chez l'éditeur
Amiot-Dumont. Il sera suivi, la même année par la traduction de
l'ouvrage de Frederick
Lewis
Allen, "Le Grand Changement de l'Amérique", toujours chez le même
éditeur. La chose
importante ici, est
que le nom du traducteur est Roger Blondel
et il s'agit là de la première apparition (connue) du nom, puisque le
premier
roman signé de ce pseudonyme, "le Mouton Enragé", ne paraîtra que 3 ans
plus tard, en 1956.
Mais sa carrière de traducteur à
commencé quelques
années auparavant, sous un autre pseudonyme : celui de Roger Bertin.
La première traduction que nous avons
pu
retrouver à ce jour, date de 1946 et est celle d'un roman de Upton
Sinclair
"Manassas", roman sur l'esclavagisme pendant la guerre de Sécession. Et
non seulement, Roger Bertin en fait la traduction, mais il en fait
aussi la présentation dans une préface plus que motivée.
Ce n'est que quatre ans plus tard,
en 1952, que
Roger Bertin semble réapparaître avec la traduction du roman "La Main
gauche du Seigneur"
de William E. Barrett. Roman qui
restera célèbre pour avoir été adapté au cinéma avec Humphrey Bogart en
1955.
Ce Roger
Bertin est-il notre Bruss, notre Bonnefoy ?
Nous savons que Bruss à fait des
traductions, et
qu'il a touché à tous les genres dans ce travail, comme il l'a précisé
à Jean-Pierre Andrevon lors d'une interview le 28 juillet 1973. Il
précise aussi dans l'interview réalisée par Jacques Guiod et Alain
Lacombe : "J'ai fait
un certain
nombre de traductions de
l'anglais,
dont un livre de Menahem Beghin que j'avais rencontré pour
l'occasion". Nous avons recherché et trouvé cet ouvrage, une
autobiographie de Menachem* Begin : "La
Révolte d'Israël" paru en juillet 1953 chez Plon.
Dans l'ouvrage, il est stipulé que le traducteur est un certain R.
Bertin. La BnF précise qu'il s'agit de R. (Roger) Bertin.
1955, le roman :
"L'Appel du passé" de Elyzabeth Goudge,
paraît en france, traduit par Roger Bertin, chez le même éditeur : Plon.
Autre
élément : au tout début des années
1950, en vue de se faire publier, Bruss va proposer divers ouvrages
finis ou en cour d'écriture à Robert Carlier, alors directeur
littéraire du Club
Français du Livre, là où paraît "La Main gauche du Seigneur".
Entre 1946, traduction de
"Manassas" et 1952, traduction de "La Main gauche du Seigneur", nous ne
trouvons pas trace d'autres traductions. C'est en 1946 que René
Bonnefoy est condamné à
mort par contumace pour collaboration avec l'ennemi. Il disparait. Tout
au moins René Bonnefoy disparait, laissant place à Georges Brass, à
Roger Bertin, à Roger Blondel et à B.R. Bruss.
En 1955, René Bonnefoy est rejugé dans des
conditions différentes, et sa condamnation à mort est transformée en
indignité nationale punie par une peine de dégradation nationale. René
Bonnefoy, outre la perte de tous ses droits administratifs, ne peut plus
exercer la fonction de journaliste. Il se doit donc de survivre en
exerçant tous les travaux alimentaires possibles tout en restant dans
ce qu'il sait faire : écrire, traduire.
Il existe vraisemblablement d'autres ouvrages
traduits par Roger Bertin, Roger Blondel ou sous un autre pseudonyme. Dans le
numéro 40 de "Informations
Fleuve Noir" du mois d'avril 1960, il est précisé que Bruss aurait même
traduit des œuvres philosophiques.
* On trouve les deux
orthographes du
prénom "Menahem" et "Menachem". Cette dernière étant plus usitée en
anglais.