Résumé :
10
novembre
1925. Un astéroïde traverse le ciel de la Sologne. Deux
jeunes hommes, Paul Devraigne et Léon Grif, qui rentrent d'une partie
de chasse, aperçoivent l'objet et le voit disparaître non loin d'eux.
Le lendemain, ils partent à la recherche de l'aérolithe et découvrent
alors un énorme rocher qu'ils transportent chez eux pour l'examiner.
Des parties métalliques sont mises à jour laissant finalement
apparaître une sorte de coffre dans lequel ils découvriront ce qui
semble être des bijoux, puis des machines inconnues et des films
holographiques racontant des morceaux d'histoires d'une civilisation
extra-terrestre.
Malgré la
barrière de langage,
Devraigne et Grif
tous deux orientalistes, aidé par le professeur Clavel, vont déchiffrer
les documents durant plus de vingt années et remettre le message au
monde savant.
La deuxième
partie du roman décrira
cette traduction et présentera la destinée auto-destructrice d'une
planète nommée : Rhama.
Critique
:
Écrit sous le pseudonyme de B.R.
Bruss, ce premier roman de
science-fiction, malgré ses 60 ans, garde intact le message qu'il veut
faire passer. Il s'agit là d'une tragédie, au sens propre; nous savons
donc que cela se terminera mal. L'intérêt sera donc dans le chemin que
l'on prendra pour en arriver à cette fin annihilatrice.
Et
même
si
le
style
est
assez
maladroit
dans
la
première
partie
du
roman,
avec
des
phrases à tournures étrange, le style va subitement
évoluer dans la deuxième partie; peut-être de part sa forme de journal
de bord. Il est courant, chez Bruss, de trouver un début de roman
relativement peu bien écrit et de constater une franche
amélioration au cours du récit, comme si l'auteur écrivait le roman
d'une traite et arrivait à trouver un
rythme plus naturel et efficace.
On
note
aussi
que
pour
ce
premier
roman
de
fiction,
il
utilise
ici
pour
la
première
fois,
la construction du récit dans le récit; technique qu'il utilisera
à maintes reprises.
Bruss
à
été
marqué
par
les
événements
historiques
récents
:
la
deuxième
guerre
mondiale
et
l'utilisation
de
l'arme nucléaire. Il lira sans aucun doute des revues
scientifiques et utilisera ses découvertes pour ce roman; tel la loi de
Bode, les inventions futuristes comme la visio-conférence et même les
films en 3 dimensions avec couleurs et sons. Si il n'a pas lu de
telles revues, alors son génie créatif est déjà né.
L'histoire
qui
nous
est
contée,
s'attarde
finalement
plus
sur
cette
recherche
frénétique
du
savoir
ultime.
La
société Rahméenne sait déjà
prolonger la vie jusqu'à 120 ans et pense pouvoir l'augmenter quasi
indéfiniment; Les esprits sont capables de penser 6 choses en même
temps. Le progrès est l'essence même de vie. Pourtant les recherches
sont aussi axées sur des moyens de destruction massif (avec le dragorek
- l'équivalent de la bombe atomique) mais aussi, et surtout,
la machine que
construit le personnage nommé Rahars, capable d'inscrire toute une
science ou toutes connaissances dans un cerveau. Ainsi, si la machine
semble merveilleuse de part son idée, son utilisation en sera toute
autrement : pouvoir ultime d'une propagande, machine à laver les
cerveaux d'une population entière. Bruss nous alerte :
"Il
faudrait mettre des
écluses au torrent des découvertes".
Le
roman
est
bourré
d'idées
ingénieuses
issues
d'un
futur
qui
ressemble
(ressemblera
?)
au
notre.
Et
cela fait peur. Bruss réussit son pari.
Le titre du roman est clair. Le récit et sa finalité, aussi.
"Ne
laissons
pas,
nous,
s'éteindre
le
flambeau
que
la
vie
nous
a
confié".
Note
bibliographique
:
L'édition originale parue aux éditions "Le portulan" en 1946 se
rencontre avec 2 ou 3 présentations. Une avec jaquette, une autre
libérée
de sa jaquette et une troisième accompagnée d'un bandeau annonce.
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"L'apparition
des
surhommes"
Éditions Jean
Froissart - 1953
Résumé
:
Un
étrange phénomène se produit dans le canton de Neuchâtel, en Suisse, le
9 mai 1967. Un mur invisible semble s'être matérialisé. Il
s'avère être circulaire, isolant ainsi toute une zone avec sa
population. Même le son ne le traverse pas. Après analyse, on se
rend compte qu'il s'enfonce profondément dans le sol et monte très haut
dans le ciel. Rien ne semble pouvoir le briser. Quelques jours plus
tard, ce mur change d'aspect pour devenir d'une couleur rosée.
Des témoignages
étonnants circulent, dont celui d'un enfant ayant vu
deux
anges tournoyer dans le ciel au dessus du canton isolé. Pendant ce
temps, le cône s'agrandit, "capturant" plus de monde et d'espace.
Les
autorités décident
d'utiliser les grands moyens pour pénétrer le
cône avec l'arme atomique, mais en vain.
Puis, des vaisseaux de formes
parallélépipédiques apparaissent dans le ciel. La
panique s'empare des populations. Une voix annonce vouloir prendre
contact
avec les autorités et impose que celles-ci remettent les plus
prestigieuses œuvres d'art sous vingt-quatre heures. Les autorités
cèdent avec raison : ceux qui viennent d'ailleurs ayant démontré une
puissante force destructrice dans d'autres pays.
C'est ici que commence le
récit d'un
homme ayant infiltré les vaisseaux et la zone occupée. Il se nomme
Georges Bardin et il a côtoyé ces êtres surpuissants;
Ce sont des surhommes; on les nommes les Agoutes.
Critique
:
Deuxième roman de
genre, cette "apparition" est toujours un roman qui dénonce. Toutefois,
ici, l'arme atomique est utilisée et peu importe les dégâts
co-latéraux qu'elle peut engendrer. Nous sommes dans une autre
idéologie.
Roman paru en 1953, il rappel avec force un passé
très proche. Le mur invisible qui isole une zone et ses habitants, la
réquisition des œuvres d'arts, évoquent immanquablement une
"occupation". Première partie du roman: point de vue de "l'occupé", qui
découvre qu'une annexion a lieu.
Dans un deuxième temps, ce "mur", cet isolement d'une zone et ses
habitants, devient anodin. C'est comme ça; nous vivons avec. Puis,
nous changeons de point de vue en étant au sein des "occupants".
Le discours change; une longue mise en situation évoluant page après
page, nous présente et révèle la vrai nature des ces "occupants". Bruss
nous fait découvrir avec lenteur et évolution (maître-mot de
l'histoire) l'environnement, le décors, pour finir par montrer et
expliquer qui sont ces "occupants". Là où
nous pensions avoir affaire à des extra-terrestres, des humains très
évolués prennent place. Même si ils semblent l'être, leur intelligence
et connaissance, ne vont pas
pour autant les faire apparaître comme des sages. La mort de millions
de personnes ne les gène pas; ils ne s'en soucis même pas. Les
sentiments semblent être absent. Le thème du surhomme peut bien
évidemment faire aussi référence à un passé proche. Ici, des humains
sont capturés, mais uniquement ceux ayant des capacités intellectuelles
suffisantes. Thème de l'eugénisme largement abordé et exploité, sans
pour
autant l'écrire noir sur blanc. Toutefois, la supériorité de ces
surhommes, n'en est qu'intellectuelle et sa nature vindicative et
prétentieuse lui causera sa perte. Bruss dénonce aussi ce goût du
pouvoir que certains hommes auront. Cette envie de dominer, d'être
supérieur, de goûter à la toute puissance. En nous montrant la face
dite supérieure, Bruss nous explique que celle-ci n'en est pas moins
humaine. Le surhomme n'est qu'un homme, avec ses
qualités et ses défauts.
Outre l'apparition des
surhommes, il y a aussi dans ce roman l'apparition d'un thème que Bruss
ré-utilisera très souvent: celui de l'amour impossible entre un homme
(le héros) et une femme. Il y a toujours
un obstacle de nature surnaturel pour empêcher cet amour de se
perpétuer. Malédiction omniprésente.
Notons que la couverture de l'édition originale,
bien qu'étant superbe, n'a aucun rapport avec le roman. Les éditions
Jean Froissart ayant de grosses difficultés financières, le n°2 de la
collection annoncé en 4ème de couverture "La guerre des
soucoupes"
paraîtra dans la collection "Anticipation" au Fleuve Noir, où Bruss
fera la carrière que l'on sait.
La réédition du roman en 1970, aux Éditions
Rencontre, sera "vieillie" par Bruss lui-même, dans les dates, de 20
ans, afin de rester un
roman d'anticipation. L'action commencera ainsi dans le futur, en 1987.
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Éditions
Fleuve
Noir
-
collection
Anticipation
n°33
-
1954
Résumé
:
Le 26 Octobre 1961, John
B. Clark entre dans le bureau de son
supérieur, Mac Vendish, chef des Services Secrets américains
pour lui annoncer qu'une soucoupe volante s'était écrasée non loin
d'une des stations de surveillance des phénomènes
célestes et astronomiques. Les 2 hommes, accompagnés de 3 spécialistes,
se rendent sur place. A l'extérieur de la soucoupe
gît le cadavre d'un extra-terrestre. Ils pénètrent dans la
soucoupe pour y découvrir d'autres corps et une
technologie qu'ils ne comprennent pas.
Quelques semaines plus tard, en Union Soviétique,
des soucoupes font
leur apparition sur une base ultra secrète.
Un scientifique russe, Mikhaïl Azimoff (en fait il est agent secret, se
nomme Ralph Clark et,
est
le
frère
de
John),
informe
son
frère
que
les
Russes
cherchent
à
négocier
avec
les
extra-terrestres
qui
se
révèlent
être
des
Martiens. L'objectif du gouvernement russe est de
proposer
un échange de technologie, dans le but de surpasser les États-Unis dans
la course à l'armement et à les vaincre.
Critique
:
Première
partie d'un
roman en 3 tomes (à suivre dans "La guerre des
soucoupes" Anticipation n°40, puis dans "Rideau magnétique"
Anticipation n°65), ce roman se distingue
des 2 précédents par le fait que le sujet aborde, au sein de la guerre
froide, l'ambition militaire de l'Union Soviétique et ce qu'elle est
prête à faire pour gagner. Et si ces derniers sont présentés comme les
"méchants", les États-Unis n'auront aucun scrupule
à utiliser la bombe atomique dans une description des plus
rapides, des plus simplistes, et, plus effrayant, des plus
naturelles, par l'auteur.
Le discours de Bruss au travers de ses 2 précédents romans ("Et la
planète sauta" et "L'apparition des surhommes"),
grand prêcheur de la paix et dénonciateur de l'utilisation de la bombe
sur Hiroshima et Nagasaki, à totalement disparu. Pourtant ce roman
devait paraître aux Éditions Jean Froissart en tant que "n°2" de la
collection "Temps Futurs", après "L'apparition des surhommes". On peut
penser que le changement d'éditeur, à fait modifier le style de "S.O.S.
Soucoupes"
afin qu'il soit adapté au lectorat et au "moule" de la série
"Anticipation".
Bruss utilisera l'idée technologique de déplacement
des soucoupes
extra-terrestres grâce au champs magnétiques, idée répandue en France
dans l'ouvrage de Frank Scully (1) "Le mystère
des
soucoupes volantes" (2).
Il rend aussi
certainement
hommage à deux
célèbres auteurs de science fiction que sont Arthur C. Clark et Isaac
Asimov par le
double personnage de Ralph Clark / Mikhaïl Azimoff.
Quoi qu'il en
soit, la lecture en est agréable, même
si quelques
passages restent trop calmes. La verve, le côté percutant
et dénonciateur des ses 2 précédents romans en est totalement absent et
nous laisse donc en présence d'un roman d'espionnage avec des
extra-terrestres, et d'une caricature poussée à l'extrême d'un système
soviético-communiste.
n.b.: adapté en bandes
dessinées dans la série "Sidéral", n°37, en
1974.
(cf page "adaptations-bd").
(1) Frank Scully, qui à
été l'un des premiers auteurs à
écrire un livre-document sur le sujet extra-terrestre, donnera sont nom
à Dana Scully, dans la série de télévision "X-files" de Chris Carter.
(2) Roman paru en France
en feuilleton dans le journal France Soir,
du 27/10 au 06/11/1950
puis aux "Éditions Mondiales" - Del Ducas - Collection galaxie - 1951.
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"La
guerre
des
Soucoupes"
Éditions
Fleuve
Noir
-
collection
Anticipation
n°40
-
1954
Résumé
:
1965: Le grand savant
Russe: le professeur Kérounine et sa fille Olga
sont arrêté par la police soviétique vraisemblablement pour qu'il les
informe sur la fuite de trois savant russes dont Olga Kérounine. Ils
sont assignés en résidence surveillée à l'extérieur de Moscou. Le 9 janvier, la ville
de Moscou est attaquée par une force
mystérieuse. Une grande partie de la ville est
détruite; les
communications avec l'extérieur sont coupées. Pour le public et les
média, ce sera officiellement une pluie de
météorites; officieusement, les quelques personnes aptes à comprendre
la nature de l'attaque, savent que les Martiens sont de retour et
qu'ils cherchent à se venger. Une alliance entre la
Russie et les États-Unis se met en place afin de
pouvoir optimiser les forces. Ils décident de mettre en place une
barrière électro-magnétique à l'échelle terrestre afin de désactiver
toutes soucoupes passant dans son champ. Le temps est compté pour
l'espèce humaine; espèce que les Martiens sont décidés à anéantir.
Critique
:
Après un premier
roman
plus "politique", Bruss laisse place à l'action.
Il n'y a plus de problème de compréhension de la technologie martienne:
les secrets technologiques sont découverts en un temps record
permettant de mettre en place la description guerrière entre les deux
planètes. Beaucoup plus visuel que S.O.S. Soucoupes, on peut rêver
d'une adaptation cinématographique, en particulier de la bataille au
dessus du village de Malmorj.
Bruss évoque la date du 26 octobre 1964 (et
non 1961 comme dans le premier roman) pour l'apparition de la première
soucoupe dans "S.O.S. Soucoupes". Possible coquille.
Comme dans la première
partie, le soucis nucléaire n'est plus à l'ordre
du jour, bien au contraire, c'est une arme efficace contre
l'envahisseur. Bruss semble donc se soucier pleinement du lectorat. Ses
idées changent. Les
personnages sont
empruntés d'un patriotisme à toutes épreuves. Et
les dissensions politiques entre les deux pays que sont l'U.R.S.S. et
les U.S.A. s'envolent en deux secondes pour faire face à l'adversité.
Les autres pays du monde, même si parfois mentionnés, n'existent pas
réellement dans ce conflit, que seuls les deux "grands" peuvent gagner,
grâce à leur alliance, leur courage, leur bravoure. C'est finalement un
grand message de paix que nous donne ici Bruss;
tout en maintenant
d'actualité le proverbe
"si tu veux la paix, prépare la guerre", ici, avec les armes atomiques.
n.b.: adapté en bandes
dessinées dans la série "Sidéral", n°43, en
1974.
(cf page "adaptations-bd").
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Éditions
Fleuve
Noir
-
collection
Anticipation
n°65
-
1956
Résumé
:
Nous sommes à l'aube du 2ème
millénaire.
35 années ont passées depuis l'attaque martienne. La vie sur terre est
un paradis. La population se prépare à fêter avec grandeur cette
nouvelle année, toute chargée de symboles.
Dans l'espace, des navettes surveillent un rideau
magnétique qui entoure la terre. Ce rideau, apparu il y a plus de 25
ans, sans que l'on ait pu expliquer son origine, empêche les
navettes terrestres
- qui sont propulsées à l'aide de la technologie martienne - de
s'aventurer dans l'espace sous peine d'être désactivées. Par ailleurs,
ce mur reste aussi une formidable protection contre une éventuelle
attaque martienne.
Mais en ce 31 décembre, l’inquiétude reprend le
dessus: le mur semble avoir disparu.
Sur la lune, base avancée et de recherche, on
exploite un nouveau matériau radio-actif sur une montagne rouge. Mais
cette dernière change subitement de couleur.
Un événement d'une ampleur inimaginable est en
train de se produire.
Critique
:
Plus percutant
que le deuxième volet, ce troisième et dernier opus de cette saga
"martienne" est marqué par son dynamisme et son efficacité. L'action
est amenée par un suspens donné dès le début du roman. Quelques brefs
rappels nous raccrochent l'histoire avec celle passée 35 ans plus tôt.
L'évolution de la situation et l'ampleur qu'elle atteindra est presque
sans limite. Une scène (que nous vous laissons découvrir) d'une
violence inouïe, malgré sa simple description, donne une responsabilité
à l'histoire et le lecteur ne peut qu'être, ou bouleversé ou mal
à
l'aise devant ce spectacle impossible. Là encore, on se plaît à en
imaginer une adaptation cinématographique.
Comme de coutume, la fin en est expédiée en
quelques pages, comme le veut le "moule" de la collection. Mais comme
le lecteur le sait, il en aura encore de plaisir à en découvrir tout le
cheminement.
On notera que pour les habitants de la terre, leur
flotte d'aéronefs sont composées de gens issus de différents pays. Des
équipages multi-ethniques, comme ce sera le cas, en 1961, dans la série
Star
Trek. Dans l'adversité, telle la grande guerre de 1965 contre les
martiens, les populations avaient fusionnée, donnant ainsi naissance à
une seule et même ethnie, celle des
terriens.
n.b.: adapté en bandes
dessinées dans la série "Sidéral", n°61, en
1976.
(cf page "adaptations-bd").
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